Word World (par Jacques Demorgon)

Sources : Une analyse de Jacques Demorgon de l’ouvrage de Jacques Attali: Une brève histoire de l’avenir, récemment en audio.

Cf aussi J. Demorgon : Langages et réalités dans les crises politiques des sociétés Séparation et réunion : oxymore, crase, régulation et articulation in La Révolution Prolétarienne n° 786 septembre 2014.

précédée de :

Cours de Formation à l’interculturel présenté par Nelly Carpentier et Jacques Demorgon

Les grandes orientations culturelles. I./ Les problématiques. 1. Les cinq perspectives d’études des cultures

3e émission : les cultures comme systèmes singuliers

11. LA GÉNÉRALISATION DU ROYAL-IMPÉRIAL

De fait, on peut retrouver, dans quasiment tous les royaumes et les empires, la primauté de cette association du religieux et du politique comme structurant la culture et la société.

Pour l’Inde, à la suite de Dumézil, Durand-Dastès souligne qu’en dépit de la réalité des divisions et des variations des constructions territoriales, un modèle d’Etat demeure le même au cours du temps. Il est fondé sur l’association du roi appartenant à la caste royale et guerrière des Kshatriyas avec celle des “prêtres”, les Brahmanes. Ce couplage du palais et du temple, au centre de l’Etat, entraîne l’étendue et la durée de ces sociétés. Certaines, “sans être pan-indiennes, ont connu des extensions et des durées supérieures” aux autres sociétés dans le monde et particulièrement en Europe. Pour l’ÉgypteGeorges Duby, par exemple, écrit dans son Atlas historique:

“L’art égyptien atteint presque sa perfection dès l’Ancien Empire. Il exprime trois idées : majesté du pharaon, puissance des dieux, croyance en l’au-delà…..La liaison entre politique et religieux est évidente dans le culte des morts à travers le gigantisme des sépultures royales”

Georges DUBY, Atlas historique, nombreuses éditions revues et augmentées.
Oeuvres, Paris, Gallimard, Coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 2019.

Pour la Chine, on a une autre étonnante invention culturelle : la fondation d’une société parfaite à l’origine en raison d’un contrat passé par les empereurs avec le Ciel. Mais chaque empereur puis chaque dynastie impériale ne réussissent que sur la base de vertus propres qui vont s’épuiser. C’est alors la corruption, le désordre et la perte de l’empereur et de sa dynastie. Apparaît un nouvel empereur avec de nouvelles vertus. Régimes et dynasties changent mais la forme d’unification de la société subsiste en dépit d’effondrements momentanés, externes ou internes, si graves soient-ils dans l’instant. La Chine n’a été déstabilisée gravement qu’au 19e siècle par les Occidentaux. Auparavant ce sont ses envahisseurs mongols et mandchous qui se sont sinisés. En ce sens la culture de ceux qui étaient militairement vaincus a fait la preuve d’une certaine supériorité en devenant celle des vainqueurs.

Certains auteurs ont estimé que le communisme maoïste a été comme un équivalent du contrat du pouvoir avec le Ciel dans la mesure où, à travers lui, la Chine a retrouvé son indépendance perdue et, pour l’essentiel, son unité ainsi que son autosuffisance alimentaire.

Pour l’empire byzantin, la démonstration détaillée a été apportée par Gilbert Dagron dans son livre au titre éminemment significatif : Empereur et prêtre. Étude sur le Césaropapisme byzantin.

Toutefois cette alliance – grâce à laquelle le religieux et le politique dominent l’économie et l’information – finit par se défaire. Ainsi, en Europe, les querelles de la Papauté avec l’empereur du Saint-empire romain-germanique sont célèbres. En France et en Angleterre, le gallicanisme et l’anglicanisme sont les noms bien connus de cette libération recherchée du politique à l’égard du catholicisme.

Et pour l’Islam ? Hichem Djaït parle d’emblée de La grande discorde, en traitant Religion et politique dans l’Islam des origines.

De son côté, dans son Dictionnaire du 21e siècleJ. Attali écrit :

“L’Islam, c’est une civilisation pas un empire. Et une civilisation qui n’a ni centre, ni discours unifié, car la communauté des croyants développe une loyauté vis à vis du groupe, et non vis à vis d’un pouvoir. L’idée de nation lui est étrangère.

Du fait que l’Islam se moule sur les civilisations qu’il investit, des différences se creuseront entre islam d’Europe et islam d’Afrique, islam du Moyen Orient, islam d’Asie (de l’est, du sud, centrale).”

J. Attali, Dictionnaire du 21e siècle. Le Livre de Poche, 2000.

Mais n’en a t-il pas été de même du christianisme engendrant catholicismes, orthodoxies et protestantismes en dépit des violentes tentatives de contrôle ?

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On peut retrouver les mêmes données chez un René Guénon (Autorité spirituelle et pouvoir temporel) dans une optique ”purifiée”, abstraite, philosophique voir théosophique. Cela permet à l’auteur de rapprocher de nombreuses civilisations sur ces bases. Le principe est celui d’un lien entre le ciel et la terre, on dira plus tard le spirituel et le temporel. Ce lien ou ce pont entraîne l’invention du pontife et du pontificat, sous une forme ou une autre. L’idée est celle de deux natures divine et humaine. Guénon remonte des deux natures du Christ aux deux natures du Sphinx égyptien. Le religieux a précisément pour sens de relier ces deux univers. Il est seul à faire cette unification “supérieure”. D’où sa prééminence sur le politique voué au pouvoir terrestre. Guénon voit là une séparation effectuée lors de l’invention des sociétés royales à partir des sociétés communautaires. Pour lui, le fait que “la royauté est implicitement contenue dans le sacerdoce est sans doute un souvenir de l’époque lointaine où les deux pouvoirs étaient encore unis, à l’état d’indistinction primordiale.”

Ces remarques de René Guénon nous conduisent à recommander une ouverture compréhensive en ce qui concerne les grandes inventions culturelles. On ne peut pas leur donner une seule signification.
En effet, ces inventions se sont effectuées au cours des siècles voire des millénaires et des strates de significations successives se sont mêlées et ont diversement fusionné. On peut donc avoir légitimement des visions différentes et même opposées. Par exemple, on peut avoir une vision critique sur la royauté compte tenu de politiques autoritaristes comportant l’esclavage ou la déportation de populations. Mais, longtemps certains ne verront là que déviations condamnables en soi sans mettre en cause le principe royal. On peut aussi par ailleurs avoir une vision simplement sociologique théorisant la constitution du lien sociétal dans les royaumes et les empires. On peut avoir enfin cette vision épurée de Guénon qui correspond à une longue élaboration d’une donnée culturelle d’abord stratégique mais devenue ensuite une donnée symbolique de toute aventure humaine. Les grandes institutions culturelles manifestent leur vérité à plusieurs niveaux. Et même, au départ, leur invention relève rarement d’un seul sens, tant elles répondent à des situations complexes. On en a déjà donné un exemple ci-dessus avec l’invention de la chefferie indienne.

Avant de franchir un seuil supplémentaire dans l’étude des grandes généralisations, précisons mieux leur intérêt et leur nécessité pour l’étude des cultures.

Les grandes formes sociétales peuvent être considérées comme des idéaux-types, pour reprendre le concept précieux de Max Weber. Cela signifie qu’elles représentent un schéma reprenant les caractéristiques principales qui se retrouvent dans nombre de sociétés singulières de la même grande époque historique.

En faisant face à des problèmes relativement partagés, comme celui de parvenir à unifier une pluralité de tribus hier séparées voire hostiles, les sociétés singulières royales-impériales se sont inventées avec leurs formes nouvelles. Ainsi, en Egypte, les clans de l’époque prédynastique ont donné les nomes, sortes de régions administratives ayant déjà à leur tête cependant un nomarque (sic) héréditaire. Cette féodalité fit obstacle aux tentatives d’unifications dont la plus célèbre fut inventive du monothéisme même si, dans ce premier moment, elle ne parvint pas à s’imposer bien longtemps.

Ainsi la menace que les Philistins faisaient peser sur les Hébreux – divisés en douze tribus – les obligea “à dépasser le régime tribal et à renforcer leur unité nationale en se donnant une monarchie” avec Saül. Les querelles entre la tribu de Benjamin et celle de Juda dépassées, ce furent les règnes célèbres des rois David et Salomon.

Les sociétés singulières de cette longue époque historique sont ainsi fort diversifiées mais elles relèvent toutes d’une grande forme sociétale qu’elles ont contribué à créer, chacune à sa façon diversifiée. En poursuivant leur développement, elles vont continuer à s’inventer depuis leur forme première jusqu’à leur forme suivante.

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ANALYSE PROPOSÉE par J. DEMORGON :

Jacques Attali, Une brève histoire de l’avenir Fayard, Paris, 2006 

En nous proposant « Une brève histoire de l’avenir », Jacques Attali n’entend pas jouer les prophètes. Il prend soin de nous raconter d’abord «Une très longue histoire », celle de l’humanité. Selon lui, elle dépend de trois pouvoirs : le religieux, le militaire et le marchand. En s’associant et en se dominant, diversement, ils ont successivement engendré trois grandes formes de société : rituelle, impériale et marchande. Elles font désormais partie de la culture humaine et se mêlent dans chaque société singulière. 

L’ordre marchand s’est développé en marge de l’ordre impérial. Chaque étape de ce développement porte le nom célèbre d’une ville prestigieuse : Bruges, Venise, Anvers, Gênes. C’est à chaque fois un grand port qui joue un rôle médiateur entre le pays où il se situe et d’autres pays au-delà des mers. Ces villes concentrent les activités matérielles comme les plus spirituelles : l’urbanisme, l’architecture, la musique et la peinture, la littérature et la philosophie. Avec Amsterdam et Londres, ce sont des pays déjà constitués, les Pays-Bas et la Grande-Bretagne qui émergent comme nations marchandes : nouveau modèle de société dans le monde des royaumes et des empires. Leur base est moins celle d’une dynastie que celle d’une société tout entière qui s’est mobilisée autour de connaissances technoscientifiques et de productions industrielles novatrices permettant la conquête de marchés internationaux. Elles s’offrent ainsi un développement supérieur dont veulent bénéficier les diverses couches de populations conduisant progressivement à une démocratisation politique. Les vives contradictions qui en résulteront avec les royaumes et les empires seront à l’origine de deux Guerres mondiales aux violences extrêmes. 

Dès 1914, le dynamisme industriel marchand de l’Europe passe aux Etats-Unis. Boston, New York, Los Angeles, deviennent alors les villes-phares des trois nouvelles vagues marchandes de l’automobile, de l’électro-ménager, de l’informatique.
De Bruges à Los Angeles, l’ordre marchand aura donc engendré neuf cœurs toujours liés à des villes phares. Toutefois, dans son tout dernier parcours, un nouveau modèle de société apparaît, réalisé en premier par les Etats-Unis : la société d’économie mondialisée. Cette nouvelle forme est un défi pour tous les pays, qu’il s’agisse des nations nées du 18e au 20e siècle, ou des empires prolongés comme la Russie, la Chine, les monarchies arabes. Toute organisation politique, à base de croyance religieuse impériale ou de croyance religieuse nationale, perd sa suprématie d’hier. En effet, les moyens de l’économie mondialisée sont aujourd’hui très supérieurs à ceux d’une mondialisation politique qui est encore dans l’enfance. Les organismes internationaux, et en premier l’ONU, n’ont pas les bases affectives, intellectuelles, pratiques leur permettant de réagir. Et que dire des religions qui accompagnent, alimentent ou redoublent les autres divisions humaines ? 

Attali peut maintenant s’interroger sur les probabilités en marche. Un certain déclin de l’Europe devrait se poursuivre en raison d’un manque de cohérence, même si, dans un avenir plus lointain, la construction européenne pourrait faire figure de modèle pour les développements continentaux. À la recherche de la possibilité d’un dixième « cœur » du monde capitaliste, il songe un moment qu’il aurait pu naître de cette conurbation de Francfort à Londres, passant par Paris et Bruxelles, autour des trains à grande vitesse, et avec l’euro. Mais vraisemblablement pas l’Europe ne saura pas s’unir tant que de graves circonstances ne l’y obligeront pas. En 2025, elle ne représentera plus que 15% du PIB mondial. La Chine atteindra ce résultat puis rejoindra le P.I.B. des États-Unis vers 2040. 

« La fin de l’empire américain », ou plutôt de son rôle central, est une certitude pour Attali. Il imagine pourtant que la côte pacifique du Nord du Mexique, avec San Diego, jusqu’à l’ouest du Canada, pourrait devenir ce dixième cœur de l’ordre marchand. Mais les États- Unis seront sans doute trop fatigués pour y parvenir. Ils redeviendront isolationnistes, se repliant sur eux-mêmes et oscillant entre dictature et social-démocratie de type scandinave. 

À côté d’eux, on aura au moins onze autres puissances importantes : Union européenne, Japon, Chine, Inde, Russie, Corée, Australie, Canada, Afrique du Sud, Brésil, Mexique. Ce monde « politique », polycentrique, tentera de s’organiser au plan mondial mais il entrera en concurrence avec les puissances du marché : « les puissances industrielles, financières, technologiques, légales ou illégales… bouleverseront sans cesse les frontières et concurrenceront tous les services publics. » En fin de compte, Attali pense qu’il n’y a aura pas de dixième coeur du capitalisme. En effet, « le marché sera devenu assez puissant et le coût de l’échange de données assez faible pour que les membres de la classe créative n’aient plus besoin de vivre au même endroit pour diriger le monde… Le capitalisme n’en sera que plus vivant, plus prometteur, plus dominateur. » Mais aura-t-il le souci et les moyens de permettre et de sauvegarder une organisation générale du monde, c’est-à-dire politique aussi ? Sans doute pas car il aura dévitalisé les États, les ayant court- circuités par des technologies de « surveillance et d’auto-surveillance » qui s’installent aujourd’hui dans la surveillance anonyme et régulière de tous nos faits et gestes sur ses bases et sur celles de ses capacités de renouveler, de façon attractive, les processus et les produits, l’ordre marchand sera en position d’installer un hyper-empire économique. Il y sera même sans doute contraint pour protéger ses biens et contrôler, si possible, ceux qu’Attali nomme les pirates, soit les mafias de tous ordres. 

Un tel hyperempire ne manquera pas de faire de nombreux mécontents. Nombre de peuples lésés dans leurs perspectives, tant laïques que religieuses, pourraient résister en s’appuyant sur les États restant, les confessions et leurs églises, les groupes de résistance organisés, les ONG. L’hyperempire jouerait alors de toutes les divisions : conflits de prestige, de frontières, divergences d’intérêts industriels et commerciaux, rareté de certains produits comme le pétrole ou l’eau. Mais le risque serait grand que ces divisions deviennent insurmontables et précipitent l’hyperempire dans un hyperconflit. Tout cela est déjà en gestation, en genèse, mais nous prenons chaque manifestation pour un phénomène momentané et isolé. Nous refusons de voir que chaque conflit local est immédiatement réintégré dans un hyperconflit mondial suspendu.
Reste tout de même une troisième vague, elle aussi déjà naissante, celle de l’hyperdémocratie. Attali pense qu’elle se développera et pourra peut-être modérer l’hyperempire et réduire l’hyperconflit avant qu’ils n’aient mis fin à l’espèce humaine. 

La démocratie a toujours été marginale dans l’histoire humaine. Elle a pu régresser, disparaîtremaiselleesttoujoursrevenue. Pournouspermettredegarderespoir,Jacques Attali nous rappelle qu’en 1516, le Britannique Thomas More nous décrit Utopia dont les dirigeants sont élus. C’est ce qui se réalisera dans son propre pays, quatre siècles plus tard. Quand, en juillet 1914, Jean Jaurès imagine une Europe libre, démocratique, pacifique et rassemblée, qui aurait pu penser que cela pourrait être réalité à la fin du XXe siècle ? Toutefois, des observations plus réalistes sont évoquées. D’ici à 2025, avec une croissance mondiale moyenne de 4% l’an, le revenu moyen de chaque habitant devrait s’accroître. Certaines situations de pauvreté sans issue pourraient diminuer grâce au développement de la microfinance : microassurance et microcrédit. Plusieurs pays sont susceptibles de devenir des économies de marché avec des Parlements élus. De plus, « La part de la population mondiale participant à l’économie de marché et sachant lire et écrire aura notablement augmenté. » 

Dans ces conditions, les chocs entre l’économique, le politique et même le religieux trouveront un certain nombre d’êtres humains ayant déjà pris conscience que la finalité collective d’une hyperdémocratie ne peut être que le bien commun de l’humanité. Attali nomme ces acteurs « transhumains » et souligne d’ailleurs que les femmes transhumaines seront certainement plus nombreuses que les hommes. Ces nouveaux acteurs développeront l’intelligence collective comme dimension intellectuelle du bien commun. Ils tendront à constituer « une intelligence universelle, propre à l’espèce humaine, différente de la somme des intelligences des humains ». Par la suite, une hyperintelligence du vivant pourrait même ne plus agir en fonction du seul intérêt de l’espèce humaine. À cet égard, Attali insiste beaucoup sur le développement des entreprises relationnelles. Elles sauront disputer l’avenir aux entreprises animées par le pur profit. Elles contribueront à promouvoir les institutions nécessaires pour une politique planétaire. Tout cela ne se réalisera pas sans de nombreux échecs préalables qui rendront nécessaires de nouvelles spiritualisations et de nouvelles équilibrations de l’économique, du politique et du religieux. 

De nouvelles institutions seront mises en place à l’échelle mondiale. L’Assemblée générale de l’O.N.U. pourrait comporter trois chambres : celle, actuelle, des Etats, une seconde chambre d’élus au suffrage universel. Une troisième réunirait les représentants des entreprises marchandes et relationnelles. Ce Parlement planétaire pourrait lever des impôts planétaires. 

D’une curieuse façon, Attali évoque soudain la formule de Georges Dumézil. Il écrit : « Le bien, après le marché et la guerre. Jupiter après Quirinus et Mars ». Le bien, c’est ici le bien commun de l’humanité. Le symboliser par Jupiter souligne sa dimension religieuse : fraternité des humains entre eux, et fraternité avec la vie. La première est très loin d’avoir cessé de faire problème. Un grand défi restera celui de l’intégration des populations immigrées. Défi pour l’Union Européenne. Tout autant pour la Russie car, en 2025, les travailleurs étrangers, surtout chinois, représenteront 20% de sa population active. À la même date, « les populations hispaniques et afro-américaines seront presque majoritaires aux États-Unis. L’hyperdémocratie devra se faire locale, nationale, continentale et mondiale. Certes, rien n’est garanti. Toutefois, on le sait, le bien peut sortir du mal. 

Attali veut croire qu’un jour

« l’hyperempire aura pris assez d’ampleur pour faire percevoir l’unité du genre humain sans être parvenu à détruire l’identité humaine. »

Il veut aussi

« espérer que l’hyperviolence menacera assez fortement l’humanité pour lui faire prendre conscience de changer radicalement d’attitude à l’égard d’elle-même. »

De là, surtout ne pas conclure de façon fataliste. Ce sont les engagements humains intelligents et généreux qui détermineront l’avenir. C’est pourquoi, Attali se dit

« convaincu que les transhumains seront assez nombreux et assez organisés pour contenir l’hyperempire et détruire l’hyperconflit. » 

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