Sources : Les grandes orientations culturelles. Cours de formation à l’interculturel proposé par Jacques Demorgon et Nelly Carpentier
I. Les problématiques. 1. Les cinq perspectives d’étude des cultures
5e leçon : Hall et au delà : comparaison, explication, compréhension
18. CULTURES NATIONALES ET CONCEPTIONS DE L’ORGANISATION, UNE ÉTUDE COMPARATIVE-DESCRIPTIVE ET PRAGMATIQUE, D’ANDRÉ LAURENT
André Laurent est, à l’INSEAD, en contact avec des cadres de toutes les nationalités. Il se propose de “mieux cerner les représentations que les individus ont de l’organisation”. Pour cela, il administre “systématiquement un questionnaire relatif à ces questions.”
Sur la base de différents critères (le métier, la taille de l’organisation, l’âge, l’éducation, la formation, etc.. l’analyse des données montre clairement “que la nationalité et la culture nationale sont des critères de poids conditionnant la vision que l’on a de l’organisation”. Par exemple, 85 % des Indonésiens approuvent totalement l’affirmation selon laquelle “la structure hiérarchique est surtout nécessaire pour savoir qui a autorité sur qui”, contre seulement 5% des Américains. De la même façon, les différences étaient flagrantes entre francophones et anglophones. André Laurent poursuit :
Ces travaux m’ont permis de mieux comprendre les différences de schémas et de conceptions de l’organisation et, par ricochet, m’ont amené à m’intéresser à l’interculturel.”
Selon lui,
“les Anglo-saxons ont une conception fonctionnelle ou instrumentaliste de l’organisation, contrairement aux Latins qui en ont une conception sociale. Pour les premiers, l’organisation est d’abord un système d’activités et de taches qui doivent être coordonnées puis il s’agit de chercher les personnes qui pourront les assurer. Pour les seconds, l’organisation est avant tout un groupe de personnes mobilisées autour d’un projet dont il s’agit d’organiser les relations. Cette distinction démontre que chaque culture ne détient qu’une partie de l’intuition nécessaire au bon déroulement de l’organisation: les activités ont besoin d’être coordonnées, de la même manière que la relation entre les acteurs a besoin d’être organisée. “
Bien évidemment comme le souligne André Laurent, “Ces modes privilégiés de considération de l’organisation, inhérents à chaque culture, ont un impact sur le management.
Si on a une conception fonctionnelle de l’organisation, la responsabilité du manager consistera à coordonner la réalisation des tâches et des activités aussi efficacement que possible pour obtenir des résultats.
Si l’entreprise est perçue sous un angle “social”, le rôle du manager sera d’orchestrer au mieux des réseaux de relations qui conditionnent l’action et les résultats. La création d’un contexte relationnel significatif et porteur précède l’action, permet d’avancer.
A l’inverse, dans la conception fonctionnelle, le développement du contexte ne se fera qu’ensuite sur la base d’une obtention des résultats qui sert de pierre de touche au relationnel en construction.”
Laurent André, Culture du management et management interculturel in Management & mondialisation, p. 39 à 44, Les Cahiers, Ensptt, n° 9, Paris, septembre 1998.