a./ La cinquième approche auto(dés)organisationnelle est plus inattendue et sa dénomination complexe. Pour elle, « ce qui devient culture » ne se situe pas seulement dans l’« entre-humains ». Celui-ci est englobé par l’immense « entre-mondes » naturel, cosmique où vivent les humains.
b./ Dès lors, toutes les organisations stratégiques et culturelles humaines relèvent de dimensions imprévues où la part du hasard est grande. Les produits culturels ne sont pas seulement le fruit des volontés humaines. Ils s’auto-organisent en raison même de cette traverse qui englobe et dépasse les humains et leurs conduites.
c./ D’où viennent et où vont ces acteurs humains producteurs de cultures dans leurs échanges indéfinis, infinis entre eux et avec le monde ? Qu’est-ce qui se met en place, avec eux, grâce à eux, contre eux et, surtout, sans eux ?
d./ Il faut alors une approche auto-organisationnelle, ensembliste. Elle tient compte d’une histoire qui précède et englobe préhistoire et histoire humaines.
e./ L’étude du sens des cultures humaines est solidaire d’une anthropologie et d’une histoire destinale, éthique.
f./ L’approche auto(dés)organisationnellepourrait paraître vaine dans la mesure où son fondement pose d’abord la nécessaire reconnaissance de la part immense de ce qui échappe à toute maîtrise humaine, dans la fabrique des évènements, et dans l’ordre ou le désordre des compositions stratégiques et culturelles qui émergent.
g./ La formule la plus simple et la plus lumineuse en a été donnée par Borgès, quand il parle d’une « histoire qui nous écrit plus que nous ne l’écrivons. »
h./ L’approche auto-organisationnelle est pourtant requise avec l’impératif de modérer les illusions de l’approche stratégique volontariste, constamment débordée dans ses analyses et ses synthèses.
i./ Celles-ci ne cessent d’oublier que toutes les stratégies des acteurs humains leur échappent d’au moins deux façons. D’abord, chaque stratégie est englobée dans un immense voire infini réel qu’elle ignore. Ensuite, l’ensemble de toutes les stratégies humaines, individuelles et collectives, est si interactif qu’il ne peut pas être suivi et connu.
j./ Le hasard règne dans chacune de ces deux modalités, a fortiori du fait de leur continuelle conjonction.
k./ L’approche auto-organisationnelle est indispensable pour maintenir la conscience d’un advenir dans lequel la nature invente aussi ce qui nous dépasse. Elle fait droit à une dimension de prudence, entre audace et retenue.
l./ Elle pousse l’imagination à ses limites pour préparer à la survenue de l’inattendu et même de l’inimaginable.
m./ Elle sauvegarde le renouvellement de l’invention humaine elle-même. Certes, elle est ainsi dans l’extrême nécessité de convoquer les cinq autres.