a./ La référence à l’intérité met un terme au flou, à l’ambiguïté, à la stérilité voire au tragique du binôme « identité, altérité ». Dans L’interculturation du monde, la notion d’interculturation va dans le même sens. Elle sort l’interculturel du constat passif, en direction de l’action productrice. L’entre des cultures est aussi un devenir, une évolution créatrice de nouvelles cultures.
b./ L’interculturel n’est pas seulement « post », après, il est « ante », avant, source. Il n’ajuste pas seulement des cultures déjà là, il en engendre de nouvelles. Tel est le sens fort de cette notion d’« interculturation » qui pose un véritable changement de paradigme. Ce n’était pas trop de lui consacrer d’emblée ce nouveau livre avec son titre éponyme. En effet, JD dans Complexité des Cultures opère le retrait d’une large part de la 3e partie concernant les cultures de pays comme le Japon et les États-Unis. Pour introduire dans leur étude la perspective autrement plus féconde de L’interculturation.
d./ La 2e édition de Complexité devient davantage un manuel de méthodologie exigeant ce que le nouveau sous-titre justifie « Contre la pensée unique ». En gardant toutefois l’analyse approfondie de plusieurs cultures européennes.
e./ Nombre d’analystes soulignent le gain obtenu. L’interculturation est un concept en acte mis en œuvre à nouveaux frais et à suivre dans ses résultats inattendus. Il est aussi étudié et développé régulièrement par Patrick Denoux à l’Université de Toulouse-Le Mirail.
f./ Avec « l’interculturation », on est loin du résultat culturel automatiquement produit par l’application d’un idéal. C’est ce qu’est trop souvent « l’interculturel ».
g./ L’interculturation pose un ensemble complexe d’actions interdépendantes transformatrices. En acte et en représentation, elle fait un fécond recours à la notion de transduction (Simondon, Wallerstein).
h./ Dès 2000, Colin et Hess soulignent que chaque « interculturation récente (ou passée) n’est qu’une partie d’une interculturation globale qui fait toujours l’objet d’un déni. » Ils ajoutent : « Jacques Demorgon montre que l’interculturation du monde est notre véritable objet ».