a./ L’océan de (dé)régulation des « actions, passions, réactions » humaines informe et réoriente les grandes Activités. De même, les dynamiques (rivalités et arrangements) des grandes Activités instituées contribuent aux engendrements et aux évolutions des Formes de société qui constituent ainsi la 3e grande Figure de l’humain en sa singularité prégnante.
b./ Après la micro-figure des infinies miettes de conduites antagonistes (dé)régulées, après la méso-figure des blocs emblématiques des grandes Babel religieuses, politiques, économiques, informationnelles, la Forme de société est la macro-figure de l’humain. Elle est ainsi à la fois comme une promesse, un lieu, un paysage, un abri, une demeure, une famille, un groupe d’amis, une communauté, une foule familière, un État, un ensemble de vérités affirmées, une bannière, un chant, un habit y compris militaire, une armée, un champ d’honneur, des médailles, des funérailles, une victoire, un espoir, une trahison, une identité pour le meilleur et pour le pire, une incroyable synthèse qui vous enrobe, vous englobe, vous assimile à elle, vous disperse et disperse vos restes, estimant qu’elle est une humanité qui continue de balbutier avec les mots disparus que vous êtes.
c./ Schématiquement, on a quatre grandes Formes de société : tribu, royaume ou empire, nation marchande industrielle, société d’économie financière informationnelle mondiale.
c./ La nouvelle Forme montante a, en principe, des atouts supérieurs qui lui permettent sa montée au pouvoir. C’est du moins le cas à l’origine.
d./ Par la suite, les choses se compliquent. En effet, les autres Formes de société, même si elles ne dont plus dominantes, existent toujours. Elles peuvent retrouver des forces nouvelles et des moyens nouveaux, affaiblissant la Forme de société alors dominante.
e./ Nous avons vu l’importance des rivalités entre Religion et Politique pendant les trois premiers millénaires de l’histoire humaine.
f./ Après, quelques configurations avancées où sous le Politique perce déjà l’Économie comme à Athènes, c’est autour de l’an Mil européen que l’économie commence sa montée au pouvoir qui occupera tout les 2e millénaire.
g./ La Méditerranée et la Baltique vont connaître un incroyable progrès des Activités économiques avec la Ligue hanséatique tenant déjà tête au roi du Danemark. Venise, mercenaire de l’Empire byzantin devient plus riche que son commanditaire. Sa navigation échappe aux pirates grâce au gouvernail d’étambot (d’origine chinoise ancienne) et aux canons légers.
h./ Les Économies-monde sont déjà là en « boutons » mais les États commencent seulement à se prendre pour des Absolus quand la Papauté catholique romaine y a renoncé.
i./ Déclins du Religieux, débuts d’impuissance et d’illusion du Politique, reprise des techniques et des sciences, montée poursuivies de activités économiques planétaires.
j./ Nous verrons ci-après, grâce à la Critique de la Raison scientifique (6./) que les méreupories sont à l’origine du 2e grand bouleversement de l’histoire après la révolution néolithique. Ce sera La Grande Transformation, titre du grand livre de Karl Polanyi (1949).
k./ Religion et Politique suspectaient, contrôlaient, réduisaient les possibilités des développements des acteurs économiques. Ceux-ci vont fonder leurs propres développements sur les surcroîts de découvertes scientifiques et d’inventions techniques que produisent les méreupories. L’information n’est plus l’ennemie, elle »est l’allié précieux indispensable.
l./ La suite de la montée au pouvoir suprême de l’économie ne semblera guère conciliable avec une forme de société, royaume ou empire, qui tire encore sa légitimité de la Religion.
m./ En trois siècles et demi, cette forme de société se voit confrontée à un premier changement radical, l’émergence de la société d’économie informationnelle nationale marchande dont la Grande Bretagne est la championne hors concours.
n./ Cependant, de même que le « Consortium d’États politiques européens rivaux » avait fait ses preuves en constituant l’Europe puissance à la conquête coloniale du monde, les Acteurs de l’économie devaient faire les leurs au même niveau. Après « 14-45 » et après la Guerre froide remportée en 1989, les insuffisances des « Politiques » laissées à elles-mêmes semblaient patentes.
o./ Nous sommes entrés dans une nouvelle mondialisation. Les acteurs de l’économie dominante nomment leur programme « globalisation économique » en pensant qu’ils sont en train de gagner.
p./ Ils ont inventé pour y parvenir une 4e Forme de société d’« Économie financière informationnelle mondiale ».
q./ Sauf qu’elle ne l’est pas. Elle n’a pas même conquis l’occident. Elle tente de le faire entre séduction et contraintes croissantes évidentes avec le moment de « vérité » Trump. Elle tente de réduire les oppositions sans y parvenir. Elle laisse ainsi monter sa rivale trimillénaire la 2e forme de société impériale chinoise renouvelée.
r./ La référence à l’histoire réanimée à travers les trois figures de l’humain permet un passage rationnel des rétrospectives fondées aux prospectives proposées. J. D. y a insisté par toute une série d’articles dans La Révolution prolétarienneen 2018 pour le centenaire de la « fin » de la Grande Guerre.
s./ Nous sommes au début 14, non plus à l’échelle de l’Europe mais vraiment à celle du monde. Daniel Cohen le disait déjà en 2009. Graham Allison le redit en 2017 comme en témoigne le dossier de la revue « Le débat » (2018).
t./ D’ailleurs peu importe les dates ! Que l’on dise Récidive 1914 ou « Récidive 38 » avec Michel Foessel ou même récidive 1989. L’Empire impérial chinois déploie ses « nouvelles routes de la soie » à l’économie séduisante mais sous contrôle politique radical.
u./ Incapable d’articuler les quatre grandes Activités et de composer les Formes de société qu’elles engendrent dans leurs dynamiques rivales, une humanité en morceaux devra se prouver que cette incapacité d’articulation et son remplacement par des crases de violence opposées est le plus mauvais chemin pour y parvenir.
v./ Une fois de plus encore ! Si ce n’est pas une fois de trop !