a./. Comprendre les cultures c’est rentrer dans les conditions de leurs genèses qui commencent toujours par de multiples adaptations problématiques et même antagonistes, dans le rapport des humains au monde et entre eux. D’où l’approche synchronique, adaptative antagoniste.
b./ En effet, toutes les cultures doivent être régulées en fonction d’orientations qui s’opposent dans l’espace (« haut, bas » ; « droite, gauche »), dans le temps (« passé, présent, futur ») ou qu’il faut composer en plus ou moins : « énergie, repos », « ouverture, fermeture », « changement, stabilité », « unité, diversité », etc.
c./ La pensée chinoise, dans sa singularité, a clairement identifié, dès la 2emoitié du 1ermillénaire AEC, les principaux de ces antagonismes. S’ils ont été ainsi conservés dans des textes devenus des classiques (Yi King et Zong Yong), c’est que leur usage est constant, fréquent, quasiment ordinaire dans toute adaptation humaine (Jullien, Kong, 1993).
d./ L’approche antagoniste conduit à comprendre que l’adaptation humaine est hypercomplexe. On ne s’en prendra pas à son aspect binaire. Il n’est qu’un moment de son développement ternaire, quaternaire et plus.
e./ Il est vrai, dans d’autres parties du monde, la pensée de l’expérience antagoniste, a moins éliminé la vérité du choc qu’elle ne l’a élaborée dans un dualisme éthique et religieux, allant jusqu’à l’opposition caricaturale entre dieu et diable.
f./ Aujourd’hui, cette opposition caricaturale symbolique commence à être retrouvée par les acteurs humains dans la totalité de leur expérience confrontée aux situations comportant des oppositions.
g./ Faute de prendre en compte, comme des dispositifs répétés, les contradictions situationnelles et les fonctionnements antagonistes, l’acteur humain n’en fait pas une culture et du coup se retrouve dans des antagonismes à une seule direction : leur pente destructrice.
h./ Comme le souligne Rosenzweig, l’acteur humain se met en position « extra-punitive », accusant les autres. Ou en position « intra-punitive », s’accusant lui-même. Il a les plus grandes difficultés à découvrir la position « impunitive » qu’il faut induire d’une connaissance du réel même. C’est dans ce réel qu’il peut aussi découvrir une large part des difficultés que « paranoïaque » il attribue aux autres ou que, dépressif, il attribue à lui-même.
i./ L’approche adaptative antagoniste va jusqu’à prendre en compte le cas d’une opposition radicale à l’adaptation. Elle y répond en proposant la dialogique ternaire « révolte, soumission, invention ».
j./ Cette approche conduit à reconnaître qu’une culture exceptionnelle et rare est ici toujours en cours de constitution. La négliger constitue un déficit grave tant les adaptations personnelles, groupales et sociétales connaissent d’échecs graves et de pathologies irréductibles ?